Automobile

Conduite en couple : pourquoi les hommes prennent-ils (encore) le volant plus souvent ?

Un couple part en week-end. Ils montent dans la voiture. Et sans se poser de question, c’est lui qui s’installe côté volant. Elle prend place à droite, côté passager.
Pas de débat. C’est juste… comme ça. Automatique. Mais pourquoi, encore aujourd’hui, dans un monde où l’égalité femmes-hommes progresse (enfin), ce geste reste-t-il si fréquent ?
Et surtout, est-ce que ça bouge ?

Hommes au volant : un réflexe ancré (mais pas toujours justifié)

Il suffit d’ouvrir l’œil pour le remarquer : dans la plupart des couples, c’est l’homme qui conduit. En France, une étude IFOP de 2023 révélait que dans 69 % des cas, ce sont les hommes qui prennent le volant sur les trajets partagés.
Pas un hasard, donc.

Mais pourquoi ce réflexe ? Est-ce une question de confort, de confiance, d’habitude… ou un vieux reste de stéréotypes de genre ?
Un peu tout ça à la fois.

Beaucoup d’hommes ont grandi dans une culture où « conduire, c’est leur rôle ». Un peu comme monter les valises ou allumer le barbecue. C’est ancré, souvent inconscient. Et côté femmes, certaines reconnaissent aussi “laisser faire”, par flemme ou pour éviter le débat.

Le « syndrome du copilote » : plus répandu qu’on ne croît

C’est un phénomène bien réel. Dans de nombreux couples, la femme devient — sans même l’avoir décidé — la copilote attitrée. Elle gère la musique, les péages, les snacks… pendant que monsieur conduit.

Mais attention, ça n’est pas toujours un choix librement assumé.

Certaines femmes racontent que lorsqu’elles prennent le volant, leur compagnon commente, donne des consignes (« freine un peu », « passe la 3e », « attention là »)… jusqu’à ce qu’elles lâchent l’affaire.

Ce n’est pas systématique, bien sûr. Mais ce partage déséquilibré du volant est révélateur d’un fonctionnement plus global dans la vie à deux : qui fait quoi, et pourquoi.

Côté sécurité : femmes et conduite, un duo sous-estimé

Et pourtant, si on regarde les chiffres de plus près, les femmes sont statistiquement moins accidentogènes que les hommes.

Une étude de la Sécurité routière (2022) montre que les hommes sont impliqués dans 84 % des accidents mortels. Et ce, toutes tranches d’âges confondues.

Autrement dit : l’image de « l’homme meilleur conducteur » n’a aucun fondement objectif.

Et ce n’est pas qu’un détail : certaines compagnies d’assurance auto en tiennent même compte. Dans certains cas, les femmes bénéficient de tarifs plus avantageux, notamment en raison de leur profil jugé statistiquement plus prudent.

Alors pourquoi cette tendance persiste-t-elle dans les habitudes de couple ?

Peut-être parce qu’on ne remet pas assez en question ces réflexes qu’on traîne depuis des années, sans même s’en apercevoir.
Mais le vent tourne.

Une affaire de confiance, pas de compétence

La conduite, dans un couple, ce n’est pas qu’une question de trajet. C’est aussi — parfois — une question d’ego, de place dans la relation, ou tout simplement de confort personnel.

Chez certains hommes, conduire, c’est garder le contrôle. Être celui qui “maîtrise la situation”. Un peu comme s’il fallait prouver qu’on sait tenir la barre… même sur la route.

Côté femmes, la donne évolue. Beaucoup veulent (re)prendre le volant. Non pas pour faire un bras de fer, mais pour rééquilibrer le partage des rôles.

Les jeunes couples inversent-ils la tendance ?

Bonne nouvelle : les choses bougent.
Chez les jeunes générations, le partage du volant est plus équilibré. Dans les couples de moins de 30 ans, les rôles s’inversent plus facilement selon l’envie, la fatigue, ou même la playlist en cours.

Et ça fait du bien. Parce que conduire, ce n’est pas une affaire de genre. C’est une question de confiance, d’envie, d’équilibre.

Une anecdote révélatrice ? En covoiturage, où les gens ne se connaissent pas à l’avance, les femmes conduisent autant que les hommes.
Preuve que c’est le cadre du couple qui entretient certains automatismes… plus que la conduite elle-même.

Quelques idées pour rééquilibrer la conduite dans votre couple (sans prise de tête)

Vous avez envie que ça change un peu ? Voici quelques astuces simples à tester dans la vraie vie :

  • Alternez les trajets : un coup chacun, comme un jeu.
  • Déterminez selon la forme du moment : qui est le moins fatigué ? Le plus motivé ?
  • Essayez sur des trajets courts : ça dédramatise la prise du volant.
  • Évitez les commentaires en direct (même bienveillants) qui peuvent agacer ou décourager.

Et surtout, faites preuve de bienveillance des deux côtés. Il ne s’agit pas d’imposer un changement, mais d’ouvrir une porte. Pour que la conduite devienne un choix partagé, pas un automatisme.